Les petites histoires des Voisins
Il s’agit de petites anecdotes relatant les aventures des Voisins et de leur auteur pendant les 35 ans d’expositions itinérantes.
Ces vignettes sont publiées chaque semaine sur instagram
JOURNÉE MONDIALE DES FEMMES DE MÉNAGE LE JOUR ET CHANTEUSES DE BLUES LA NUIT L’histoire de tante Zulma qui fait le ménage à l’entrée du Musée : Pour son visage, je m’étais inspiré d’une chanteuse de blues que j’avais entrevue dans un film de Claude Lelouch, et que j’avais fait de mémoire. Un jour, je l’avais installée avec un groupe de jazz à l’occasion de l’inauguration du Centre Culturel Sidney Bechet de Grigny (91). Des amateurs de jazz l’ont reconnue et m’ont appris qu’il s’agissait de la chanteuse Sweet Emma. Le lendemain ils m’ont apporté une pochette de disque où elle figure avec son groupe de musiciens. La photo est dans le musée au dessus du piano…
JOURNÉE INTERNATIONALE DU TAPINAGE ARTISTIQUE L’histoire de Zaza, le « travelo » appuyé au flipper du Musée : Un jour… j’avais installé Zaza dans la salle d’attente de la gare de Chalon sur Saône pendant le festival « Chalon dans la Rue »… Un type entre, genre un peu zonard légèrement bourré, très agressif et il colle un grand coup de pied à Zaza ! Je me précipite et commence à lui gueuler dessus : « Non mais ça va pas ? qu’est-ce qui te prend ? etc… — J’aime pas les pédés ! me répond l’individu — Mais tu vois pas que c’est un mannequin ? — M’en fous, j’aime pas les pédés !! — ???
JOURNÉE MONDIALE DE L’EXHIBITIONNISME L’histoire de Janine (inspirée de la BD de Reiser) qui attend le client au balcon du Musée… Il y a quelques années j’avais prêté Janine à un copain de Marsanne qui l’avait installée à une fenêtre de la future librairie, alors en chantier. Le soir elle était éclairée. Un soir, un voisin « mentalement dérangé » a appelé la police… Une voiture de police est arrivée et une gendarmette est sortie, qui a intimé l’ordre à Janine de descendre immédiatement !! Devant le refus d’obtempérer de la contrevenante, elle réalisa, mais un peu tard, qu’il s’agissait d’un mannequin !
JOURNÉE INTERNATIONALE DU COCHON : L’histoire abracadabrantesque de la tête de porc. Au cours du festival Chalon dans la Rue, j’avais installé l’étal du boucher (et donc la tête de porc en latex) dans une cour. Le jour du démontage, plus de tête de porc ! Pendant le voyage retour, je reçois un coup de téléphone m’annonçant qu’on a retrouvé la tête. C’est Polo, un copain qui jouait dans la même cour, qui l’a récupérée… Il participait à la fête de clôture aux Abattoirs (ça ne s’invente pas !) Et il voit un type qui arborait MA tête de porc. Il l’agrippe par le colback et il lui demande où il l’a trouvée. Et l’autre il lui dit que c’est un gars qui la lui a échangée contre des ailes d’ange ! Je demande donc au bureau du festival de me la renvoyer par la poste. Juillet passe, puis août, puis septembre… Toujours pas de tête de porc… Je commence à râler… On me dit qu’elle est partie le 6 septembre… J’attends encore… toujours rien ! On fait des recherches à la poste : on a perdu sa trace … Bref, on me l’a volée une 2ème fois ! Et le gag, c’est que la poste a envoyé environ 25 € en dédommagement à l’expéditeur et que je n’en ai pas vu la couleur !
JOURNÉE DE LA CAISSIÈRE DE SUPERMARCHÉ : L’histoire de Josette, la Mariée du Musée… Mais avant de se marier, Josette a été secrétaire, hôtesse d’accueil et même caissière de super-marché… J’avais exposé une 20aine de mannequins dans le Carrefour de Chambéry (pendant la nuit…). J’avais installé Josette à une caisse, et devant la caisse, Mme Rose avec son caddy plein qui attendait pour payer… Un jour une queue s’est formée derrière Mme Rose ! Les clients commençaient à râler parce que ça n’avançait pas ! Même certains sont allés se plaindre à la Direction quand ils se sont aperçu de la supercherie… comme quoi c’est inadmissible de se moquer ainsi des clients !!!
JOURNÉE MONDIALE DE LA PROMO SUR LE PORC FRANÇAIS : Aujourd’hui l’histoire de Bouchard, boucher-charcutier Une année, j’ai installé une expo à l’entrée d’un centre commercial à Poitiers pendant des vacances de Pâques, à la demande de l’union des commerçants… Avec, entre autres : l’étal du boucher et son porc en promo ! Au retour, plus d’étal, plus de boucher !! La scène avait été démontée et stockée quelque part, au prétexte que le côté « sanguinolent » risquait de choquer le public au moment de la « Semaine Sainte » ! Bon sang mais c’est bien sûr ! Pas de viande le Vendredi Saint !!
JOURNÉE INTERNATIONALE DE L’IVRESSE PUBLIQUE Une histoire de Gégène, le vieux pochetron qui gerbe dans le bistro de Gaston… Je me suis inspiré pour le fabriquer d’une photo d’Hara-Kiri et en même temps de la BD de Reiser : « Mon Papa » ! Il tient debout appuyé sur son bras droit contre un mur… Pour pouvoir le transporter plus facilement, j’ai fait le bras démontable… Un jour j’exposais au festival d’Aurillac J’avais emmené Gégène… mais j’avais oublié son bras à la maison ! Moralité : il a passé tout le festival allongé dans le camion… à cuver ?
JOURNÉE SANS TABAC : Une aventure d’Armand (c’est le marié du Musée…) en Angleterre : Un jour, à l’occasion d’une exposition en Angleterre, j’ai installé Armand dans un lieu public assis sous une pancarte « NO SMOCKING »… Et j’ai trouvé malin de lui mettre une cigarette (éteinte) entre les doigts ! Le gardien s’est précipité et nous a rappelé fermement qu’il était interdit de fumer ! Martine, mon « agente artistique » et interprète, lui a poliment expliqué que c’était justement là que résidait l’humour… On est repartis, pensant avoir été suffisamment convaincants… Un quart d’heure plus tard, Martine est retournée sur le « lieu du crime »… La cigarette avait disparu !!
LES VOISINS EN ANGLETERRE (suite de l’épisode précédent). À l’occasion du Festival des Arts, j’ai exposé des « Voisins » dans différents lieux de la ville de Portsmouth. Le « clou » de l’expo devait être dans le Civic Office. Pendant le week-end j’ai installé une très belle scène, dans le style de la « famille à table » du Musée ! La Maire de l’époque, lorsqu’elle a vu la scène, a été horrifiée et a ordonné au directeur du Festival de la faire démonter avant l’ouverture des bureaux ! Au prétexte qu’elle trouvait cette installation « insultante pour l’image de la France et des Français » !!! Ne voulant pas être responsables d’une nouvelle guerre de 100 ans, nous acceptâmes d’obtempérer… Mais voilà… Martine et moi, en accord avec le Directeur, avons élaboré toute une stratégie… 1°) Nous avons recouvert la scène avec de grands draps blancs et une pancarte « CENSORED » 2°) Martine a convoqué la presse et la télé pour le lundi matin. À l’ouverture au public, les gens ont donc découvert une expo très particulière ! Quant à moi, j’ai trainé des pieds toute la matinée pour sortir les mannequins et les décors, ne comprenant visiblement pas ce qu’on me demandait, et remontant la scène au fur et à mesure sur le parvis de la Mairie ! Finalement, la « famille » fut hébergée dans un autre lieu… Tous les jours les journaux relataient leurs aventures… Bref, ça nous a fait une publicité de tous les diables !!!
SEMAINE INTERNATIONALE DE LA CENSURE : Vous avez aimé les aventures des voisins en Angleterre. Vous aimerez le mariage de Josette et Armand à Arcachon. Dans le cadre d’un festival j’avais installé la noce dans le hall de la Mairie. L’expo était prévue du vendredi au dimanche inclus. Or le vendredi soir, on m’annonce qu’il va falloir que je vire mes Voisins le samedi après-midi, quitte à les réinstaller le dimanche, pour la bonne raison que la 1ère adjointe mariait son fils, et que «ça la foutait mal, dans le décor…». Bon, vous commencez à me connaître… pour moi un contrat est un contrat ! Donc, pas question de démonter l’expo avant la date ! Pas question non plus de priver les autres mariages du samedi du plaisir de se faire photographier avec la noce des Voisins ! Et donc le samedi, après quelques mariages «ordinaires» où l’expo connut un gros succès, les mannequins sont planqués derrière un paravent le temps de la cérémonie officielle du mariage VIP… À la sortie de la salle des mariages je vois les invités qui passent derrière les paravents pour mater les mannequins ! Ils se marrent, prennent des photos, y compris les mariés… et même la mère du marié ! Ah mais oui mais non ! C’est pas du jeu !! Je rapplique et les engueule, leur disant qu’il est interdit de regarder et que si on a mis des paravents c’est pas pour les chiens !! Un peu dans le style Jésus chassant les marchants du Temple !!!
JOURNÉE NATIONALE DES FAUSSAIRES DU DIMANCHE : Il y a pas mal d’années, un copain m’avait donné une belle reproduction du fameux tableau « Thérèse et le cochon » dans « Le Père Noël est une ordure », qu’un copain de copain lui avait donné… Si bien que plus personne ne savait qui l’avait peint… Jusqu’à ce jour du mois d’août… J’avais accroché ce tableau en bonne place dans la boucherie du Musée… Et donc, un visiteur tombe en arrêt devant et reconnaît le tableau qu’il avait peint quelque 30 ans auparavant, pour les besoins d’un spectacle amateur, surpris (et flatté !) de le retrouver en un lieu aussi prestigieux !! (alors qu’il le croyait parti à la poubelle…) Étonnant, non ?
JOURNÉE INTERNATIONALE DES NAINS À GROSSE BITE Aujourd’hui l’histoire de Big Willy (le nain bossu en pyjama assis sur sa paillasse) Lorsque j’ai fait Big Willy, pour rigoler je lui avais confectionné un gros sexe en latex (amovible). Et suivant certaines exposition je le mettais ou pas… En option, en quelque sorte… Un jour j’ai fait une expo dans un béguinage à Diest, en Belgique flamande. Mais je n’ai pas osé emporter « l’accessoire »… Auto censure… J’ai installé le nain en pyjama dans un chiotte de campagne au fond du jardin. Puis j’ai fait le tour des installations avec le Directeur du Service Culturel. Arrivés aux toilettes, il ouvre la porte et découvre le nain pantalon baissé assis sur le siège. Et là il me demande : « Où est son…? » (je ne sais plus comment on dit en flamand…) Je lui dis que je n’ai pas osé le lui mettre Il me dit « si si il faut !! » Je lui dis que je l’ai laissé à la maison… Il insiste « faut en faire un autre !! ». Du coup je confectionne un beau braquemart en argile que je peins sans même attendre que la terre soit sèche et que je dispose à la place adéquate ! Et pendant tout le week-end les visiteurs ont pu voir un nain bossu en pyjama « s’astiquant le manche » dans des chiottes en bois !!! Vive la Belgique !
SEMAINE INTERNATIONALE DU POIREAU : Vous connaissez déjà Roger pour l’avoir rencontré dans nombre de manifestations… C’était à l’époque où Nicolas Sarkozy avait inventé le concept d’Immigration Choisie. J’avais fait une installation dans le temple de Dieulefit sur le thème des migrants Et j’avais trouvé très malin de mettre Roger devant l’entrée avec une belle pancarte (voir photo ci-dessus !) Quand je suis retourné démonter l’exposition, la pancarte avait disparu et avait été remplacée par un poireau !! Comprend qui peut… ou comprend qui veut !
JOURNÉE EUROPÉENNE DES CAMIONS POURRIS : Aujourd’hui, une aventure du Camion des Voisins : Une nuit je circulais avec ma cargaison de Voisins sur une petite route en région parisienne. Je tombe sur un barrage de 2 flics armés jusqu’aux dents… Contrôle de papiers. Qu’est-ce que vous transportez ? J’explique comme je peux… Ouvrez la caisse. J’ouvre… Là y a un des 2 policemanes qui pointe sa mitraillette sur le « contenu » du fourgon, prêt à ouvrir le feu ! L’autre le calme et lui dit : « Ça va pas ? Tu vois pas que c’est des mannequins ? » Réponse : « Ouais, on sait jamais… » !!!
JOURNÉE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LES TRAFIQUANTS : Un jour, je revenais de Belgique ou de Hollande avec mon beau camion plein de mannequins et de brolles diverses… Je roulais tranquille dans le nord de la France, quand je me fais accoster par 2 motards qui m’intiment l’ordre de me garer sur une aire d’autoroute. Contrôle des papiers… Ouverture du coffre… etc… (voir épisode précédent)… Je n’ai qu’une peur : qu’ils me fassent décharger tout le camion et me laissent en plan sur le parking ! Les braves pandores tombent sur ma valise personnelle. Ouverture de la valise… fouille… Ouverture de ma trousse de toilette… Et là ils tombent sur un gros tube genre aspirine effervescent, rempli d’une poudre blanche ! Mon BICARBONATE DE SOUDE NaHCO3 ! (car je souffre un peu de l’estomac). Le plus hargneux saisit la boite, croyant faire une bonne prise et commence à me cuisiner. Je lui explique le plus calmement possible et je l’invite à goûter pour se faire une idée. Il refuse et commence à s’exciter… Heureusement son chef calme le jeu ! Bref au bout d’un moment il me dit c’est bon vous pouvez y aller… Je remets tout le bazar dans ma valise… mais l’autre a toujours mon tube ! Et là, il demande : « et ça chef, qu’est-ce qu’on en fait ? » « Ben tu lui rends » Réponse : « Ouais… mais on sait jamais… » !!!
JOURNÉE NATIONALE DES VA-NU-PIEDS : Histoire de Sam : À l’occasion d’une expo dans une petite ville du sud-ouest, j’avais installé Sam et quelques Voisins dans la salle d’attente de la mairie, un peu comme des SDF… Le secrétaire ou adjoint, je ne sais plus, vient me voir et me dit qu’il faut lui mettre des chaussures, car un noir pieds nus, ça pourrait avoir une connotation raciste ! Woke avant l’heure !!! Je lui fais part de mon étonnement et lui dis que de toute façon je n’ai pas de chaussures à la taille des ses grands panards ! Comme il insiste, menaçant de retirer le mannequin de l’expo, je lui conseille de lui mettre des pantoufles… C’est comme ça que Sam s’est retrouvé avec une magnifique paire de charentaises toute neuves taille 44 ou 45 ! Comme quoi le ridicule ne tue pas toujours ! J’ai gardé ces pantoufles et c’est un des musiciens de l’Orphéon qui les porte maintenant…
JOURNÉE INTERNATIONALE DES SALES GOSSES : L’histoire d’Adolphe, le bébé tête à claques et merde au cul… En 2003 j’ai exposé à Montréal dans le cadre de « Juste pour Rire ». J’avais fait des scènes dans 2 conténaires aménagés avec des ouvertures pour voir de l’extérieur. La nuit l’expo était gardiennée, ou plus précisément était sensée être gardiennée ! Et une nuit Adolphe a été kidnappé, carrément ! Je n’ai pas eu de demande de rançon, et je suis donc reparti en France sans le bébé. Depuis j’en ai refait un qui trône dans le Musée. Aujourd’hui Adolphe n° 1 doit être un grand garçon d’une vingtaine d’années… Je souhaite bien du plaisir à ses kidnappeurs !!!
JOURNÉE MONDIALE DES GROS POLLUEURS : En 1997 les Voisins se sont vu offrir une croisière en Méditerranée Enfin… pas tout-à-fait… Une boite d’intérim a offert une croisière-surprise à tous ses employés. Pour cela toute la fine fleur des artistes « de rue » a été embauchée par une boite d’événementiel pour animer la traversée ! Comédiens, musiciens, plasticiens, etc… Et donc mes Voisins et moi… Je suis parti avec ma cargaison et mon camion jusqu’à Gènes où nous avions tous rendez-vous le matin tôt. Je charge mes mannequins sur le Costa Victoria (!) et nous voguons paisiblement jusqu’à Cannes. Pendant le trajet j’installe mes mannequins un peu partout dans le bateau… tandis que les comédiens et musiciens répètent… Cette 1ère traversée se passe bien… c’est cool… on est entre nous… Le soir, à Cannes, les invités déboulent ! Une horde de gros beaufs qui se jette sur les buffets et les apéros !… n’en ayant pas grand’chose à foutre des animations… Plus la soirée avançait, plus c’était la panique ! Les mannequins se faisaient chahuter… et même Zulma s’est fait carrément sodomiser !! L’apothéose a été au milieu de la nuit quand une bande de « joyeux drilles » (appelons ça comme ça) a commencé à embarquer Mauricette pour la jeter par dessus bord !! Heureusement, une copine était là et a pu empêcher ce forfait… On a vite rapatrié les 30 mannequins dans la cale… et je suis allé finir la nuit dans ma cabine… (où j’avais à la place d’un hublot, une télé qui diffusait une vue de la mer !) Une heure après on arrivait à Gènes… décharger le bateau… recharger le camion… et foutre le camp !! Heureusement, on était bien payés !
SEMAINE DE L’INSOMNIE : Histoire du Voisin qui ne peut pas dormir à cause de l’Orphéon qui joue faux mais qui joue fort ! Au départ, le conservateur de l’Abbaye de St Antoine (Isère) m’avait commandé un mannequin illustrant la Colère, pour une installation avec d’autres artistes sur le thème des 7 péchés capitaux. Le personnage devait être installé à une fenêtre de l’Abbaye et gueuler sur les visiteurs… Je me suis mis au travail et j’ai fabriqué celui que j’appelle « le Forcené ». Mais l’opération a été annulée, alors que j’avais déjà fait le boulot ! Et le mannequin m’est resté sur les bras ! Finalement, il est très bien où il est… même s’il a du mal à dormir…
UN NOËL DES VOISINS : En 2001 j’ai été invité avec 40 de mes « Voisins » pour une installation dans un éco-musée à l’est de la Belgique, le domaine de Bokrijk, à l’occasion d’une animation entre Noël et le jour de l’an. Pendant 2 jours avant Noël, j’ai mis en scène mes personnages par un froid glacial dans une dizaine de maisons d’un autre âge qui bien sûr n’étaient pas chauffées… Les personnages se fondaient bien dans ces décors magnifiques… ambiance Vermeer ou Rembrandt ! La neige ajoutait au décor… Bref, après m’être bien pelé les doigts, j’étais assez satisfait du résultat… Et je suis parti avec mon camion passer le réveillon chez ma belle-sœur à Düsseldorf, avec ma femme et ma fille encore bébé… Pendant mon absence, une équipe « d’éclairagistes » devait éclairer les scènes, car évidemment il n’y avait pas l’électricité dans les maisons… À mon retour je retourne sur le site… et là… j’ai cru tomber de ma chaise… bien que n’étant pas assis ! Des projos, des quartz, des spots… dégueulant de lumière ambiance fête foraine… dans la gueule des personnages ! Là j’ai eu un grand moment de solitude… Finalement j’ai dit : « c’est pas possible ! » et j’ai fait tout enlever… les projos, les fils et tout le bazar… Mais c’était trop tard pour tout refaire puisque le site ouvrait le soir même… Alors avec l’aide du gardien, on a tout éclairé avec des bougies et des lampes à pétrole… et là c’était magique ! Le directeur tirait un peu la tronche, parce qu’il avait dû payer cette bande de saboteurs pour rien !
JOURNÉE DE L’ENFANCE MARTYRISÉE : L’histoire de Riri, le gamin qui pleure à côté des toilettes… C’est la suite de l’histoire précédente… Après l’ouverture du site au public, je suis allé rejoindre ma petite famille et passer la semaine et le nouvel an à Düsseldorf. Un soir je n’ai rien trouvé de mieux que de faire du patin à glace sur une patinoire en plein air, d’emplâtrer la barrière et de m’enfoncer les côtes ! J’ai donc connu les urgences de l’hôpital… rien de cassé, mais ça fait bien mal ! Et donc début janvier il a fallu démonter l’expo et charger le camion… Je me suis fait aider par un neveu et sa copine… et moi je restais au volant… Une fois tout chargé, on est retournés à Düsseldorf passer une dernière soirée et je suis reparti le lendemain avec femme et enfant. Quelques jours plus tard, quand j’ai pu à nouveau porter les mannequins, j’ai déchargé mon camion… Et là… Riri manquait à l’appel !!! On l’avait carrément oublié dans une maison ! Bon… finalement on me l’a expédié par la poste… et il est arrivé à bon port… pas comme la tête de cochon !
JOURNÉE DU TEMPS QUI PASSE : Qui est cette jeune et jolie maman avec cet affreux bébé ? Le bébé vous l’avez reconnu : c’est Adolphe (10 ans avant qu’il se fasse kidnapper au Canada !) La « maman », c’est une présentatrice de la télé turque, venue avec son équipe, faire un tournage chez moi en 1994. Et qui m’envoie des photos avec un message chaleureux presque 30 ans plus tard… Une bien agréable surprise ! À cette époque je recevais fréquemment des équipes de télé pour des reportages (FR3 Lyon, Grenoble, Canal +…) Depuis l’ouverture du Musée en 2020, je n’ai pas vu une seule caméra de télé !! Autres temps…
L’HISTOIRE DU CAMION JAUNE ET DE L’HÔTEL FANTÔME : Ça c’était mon 1er camion (de marque Leyland) et qui me sert maintenant de poulailler ! En 87 ou 88, j’avais une expo à Vannes en Bretagne Je tombe en panne la nuit en pleine campagne… Deux gars sympas du pays s’arrêtent et m’escortent jusqu’à un hôtel paumé au bord de la route… (Je ne me rappelle plus la nature de la panne, mais je pouvais encore rouler au pas) Les gars m’accompagnent à l’entrée de l’hôtel. C’est ouvert mais il n’y a personne à l’accueil… On appelle… on attend… personne… On monte… on trouve une chambre ouverte… les gars me disent : « t’as qu’à t’installer là, tu verras demain… » Ils s’en vont après m’avoir indiqué un garage pour le lendemain. Je me couche… je dors (c’était pas du luxe !) Le matin, je descends dans l’espoir de déjeuner et régulariser ma situation ! Personne !! Je suis reparti… j’ai trainé mon camion jusqu’au garage… L’histoire n’est pas finie… mais ce sera pour une prochaine fois… Dans mon malheur j’avais gagné une nuit d’hôtel gratos !!
LE CAMION JAUNE AVEC PEDRO (ET SA MOB’) : Suite… … Nous retrouvons donc notre camion jaune chez le garagiste d’un bled paumé en Bretagne… Il faut changer une pièce (je ne rappelle plus laquelle) et je dois laisser le véhicule et rentrer chez moi en train. De retour dans la Drôme, le garagiste m’informe par téléphone qu’il ne trouve pas la pièce en question, bicause c’est un modèle anglais et pas vraiment récent, de surcroît ! Finalement j’ai écumé les casses du coin et j’ai fini par trouver la fameuse pièce dans une casse à Chabeuil (26) pour une somme dérisoire ! Je suis donc reparti en Bretagne en train avec la pièce et j’ai pu récupérer mon camion puis démonter mon expo et rentrer au bercail… J’ai fait encore quelques voyages et expos avec le camion jaune… Puis il a pris sa retraite, remplacé par un Iveco… Il a servi d’abord de chambre (romantique) d’appoint puis de maison pour mes poules depuis 20 ans… Une fin de vie plus qu’honorable !
JOURNÉE MONDIALE DE LA PRISE D’OTAGE : Aujourd’hui : l’enlèvement de « Droopy ». En mai 1998, mes Voisins ont étés invités à inaugurer la nouvelle station de métro à St Denis (93) qui devait desservir le Stade de France, en vue du Mondial de foot… J’avais installé une famille de « Souteneurs de l’Équipe de France » devant une télé + quelques zonards et celui que j’ai surnommé Droopy à cause de son expression, en liftier devant l’ascenseur… L’expo était censée être gardiennée (air connu !) L’inauguration officielle a eu lieu en fanfare (venue également de la Drôme) Pendant que les officiels étaient là, une bande de jeunes bien connus dans le quartier est venue me brancher : « Eh Msieu tu nous donne un mannequin ? — Ça va pas ? — sinon on va en prendre un… — ouais c’est ça… » Quand j’ai démonté l’expo, à la fin de la journée, il me manquait un mannequin : Droopy !! Les gars étaient partis tranquillement avec lui par l’ascenseur, puis avaient pris le métro et étaient ressortis une station plus loin, au vu et à la barbe des employés et des caméras de surveillance ! Quand j’ai voulu porter plainte chez les flics, personne ne les connaissait !!! J’ai refait un nouveau Droopy qui joue du gros tuba dans l’Orphéon du Musée…
LE KIDNAPPING DE PÉPETTE ET BOUBOULE : Encore un enlèvement ? Ça devient lassant ! Oui mais celui-là il est spécial… En 94 j’exposai pour la 1ère fois dans la « Scala »… non pas à Milan mais à Gand. Il s’agissait d’un grand décor de loges de théâtre montées sur un échafaudage à 3 étages, et installé en plein air sur la place où se déroulaient la plupart des spectacles des Fêtes de Gand. Le site était gardienné la nuit…… vous connaissez la chanson ! Bref, la dernière nuit… (voir épisodes précédents) Et le matin, la petite fille et le chien envolés ! Quelques semaines plus tard, je reçois un coup de fil des organisateurs : ils avaient retrouvé les deux mannequins ! En se rendant à un festival en Espagne, ils me les ont rapportés et m’ont révélé le fin mot de l’histoire… Je ne suis pas sûr de me rappeler tous les détails ni même d’avoir tout compris… Un gars de leur équipe se trouve un jour chez un type et tombe nez à nez avec Pépette et Bouboule dans le salon ! Je suppose qu’il lui a fait la morale… Bref, le type pris de remord ou de trouille est allé se confesser à un curé !! Lequel, je suppose encore, a dû lui conseiller de les rendre et a peut-être fait l’intermédiaire… Toujours est-il que les copains du bureau ont reçu un coup de téléphone les informant de la présence des mannequins dans une cabine téléphonique !! Un vrai roman d’espionnage… mais avec un beau happy end, pour une fois !!!
LA SEMAINE MONDIALE DE L’ACCORDÉON : En 88, j’ai été invité avec mes Voisins à Tulle, au festival d’accordéon « Les Nuits de Nacre ». J’ai installé toute une scène dans le Musée du Cloitre, qui s’y prêtait admirablement… Le premier soir du festival, je terminais la soirée avec quelques artistes invités, dont Allain Leprest et Gérard Pierron. Nous étions bien imbibés et les copains voulaient voir l’expo… mais le musée était fermé la nuit. Un gars du festival avait la clé et Allain insistait ! Mais il y avait un hic : est-ce que l’alarme était branchée ? On a pris le risque… On est rentrés comme des voleurs… Pas d’alarme… ouf ! Et on a passé une partie de la nuit avec les Voisins, à la lampe de poche… Gérard Pierron avait une lanterne de chef de gare, et quand on est ressortis, il me l’a donnée, en souvenir… Elle est maintenant dans mon musée à moi !!
JOURNÉE MONDIALE DES GUEUX ET DES MAL-FOUTUS : « La Cour des Miracles » En 1987, j’ai été branché par des copains comédiens sur un événement à la Grande Halle de La Vilette à Paris : le « Millénaire Capétien » ! Ambiance médiévale. J’ai embarqué mes Voisins les plus affreux et avec l’aide de la costumière, j’ai « reconstitué » une Cour des Miracles. Pendant une semaine le public a assisté à des spectacles de bateleurs, de chevalerie, etc… sur le parvis de la Grande Halle… et même à la présence de Léon Zitrone ! Le dénouement de cette opération, c’est que je n’ai jamais été payé ! Ni moi ni la plupart des comédiens ! Ni non plus remboursé de mes frais de transport et d’hébergement… Et en plus, en arrivant, j’avais crevé un pneu sur un clou perdu par un cheval ! J’ai appris par la suite que cet événement avait été commandité par une bande de royalistes qui voulaient faire un coup avant les commémorations de la Révolution ! La même clique qui a monté par la suite le Puy du Fou… Ça m’apprendra à faire gaffe avec qui je travaille !!!
JOURNÉE INTERNATIONALE DES MYTHOS : Suite de l’épisode précédent… Sur l’expo de La Vilette, je me suis fait brancher par un type qui m’a dit organiser un événement similaire sur un week-end à Noyon (Oise) et qui m’a invité avec ma Cour des Miracles. Arrivé à Noyon, j’ai été accueilli « en coup de vent » par le type en question (que j’appellerai Mr V. pour ne pas le nommer) qui m’a conduit chez un photographe et qui s’est vite esquivé ! Je ne l’ai pratiquement plus revu par la suite… Jean-Claude, le photographe, avait une boutique à côté d’un porche magnifique, bien moyenâgeux… C’est là que j’ai installé ma Cour des Miracles, qui a obtenu un gros succès ! Lorsque j’ai essayé de recontacter Mr V. pour me faire payer mon (maigre) cachet et mes (gros) déplacements, il m’a dit de voir ça avec Jean-Claude (puisque c’était chez lui que j’exposais !) Lequel n’avait rien demandé et est donc tombé des nues ! La ville organisait un grand concours de déco de magasins et Mr V. a fait miroiter à Jean-Claude qu’il allait surement gagner le 1er prix et pourrait aisément se rembourser ! J’étais très gêné pour le photographe qui m’avait déjà accueilli dans sa famille… mais je galérais pas mal à cette époque (voir épisode précédent)… Bref, je suis reparti à la fin du week-end avec mon chèque et un appareil photo que je lui avais acheté pour compenser un peu… Quelques jours plus tard, alors que je téléphonais pour demander des nouvelles, j’ai appris qu’il n’avait pas gagné au prétexte que l’installation a été jugée hors concours !!!
JOURNÉE DES EXTRA-TERRESTRES : Au début de ma « carrière », j’ai commis quelques personnages monstrueux, comme cet extra-terrestre. La tête est en résine et le corps en polystyrène renforcé avec du papier journal collé. Un jour je trouve des miettes de polystyrène par terre, sous mon extra-terrestre… Je soulève son vêtement et je découvre un gros trou dans son ventre et un nid de souris à l’intérieur ! L’Alien avait accouché d’une famille de souris !! Depuis je passe une couche de résine et de fibre de verre sur tous mes mannequins !!!
SEMAINE DE LA KRO : L’histoire du « bobet »… En 1987 quelques Voisins ont été invités à un week-end de festival à Florac en Lozère… Ambiance baba cool ! J’avais installé, entre autres, mon « bobet » (benêt en suisse) sur un balcon. Mais le dimanche matin, je retrouve le balcon jonché de canettes vides (en verre) ! Dans la nuit des gars avaient essayé de dégommer le bobet à coups de kronenbourg ! Heureusement ils étaient trop bourrés pour l’atteindre ! Pour la petite histoire, j’étais venu gratuitement contre la promesse de faire une « vraie » expo l’année suivante… Qui, bien sûr, ne s’est jamais faite !! Eh bien, malgré tout, j’ai eu plus de chance que la plupart des camarades qui, eux, devaient être payés et ne l’ont pas été !! Donc je n’ai rien perdu ! J’en garde même un bon souvenir, puisque j’ai pu voir (de près) et entendre Rhoda Scott en concert dans un cadre champêtre…
SEMAINE DE LA LINGERIE FINE Une (autre) histoire de Janine : J’ai eu plusieurs fois l’occasion de mettre des mannequins dans des vitrines de vêtements, et même des clodos et de junkies dans des vitrines Cardin ! Autour de Noël 92, le gérant de la boutique « Jelmoli » de Lyon Part-Dieu m’a commandé une expo dans tout le magasin. J’ai réparti mes personnages dans différents rayons, et entre autres, Janine dans le rayon lingerie + une petite vieille (Mme Rose ?) qui farfouillait dans les culottes… Aussitôt il y a eu une vague de protestations de la part des vendeuses qui ont menacé de se mettre en grève si on ne virait pas illico ces horreurs ! Je ne me souviens pas comment on a réglé l’affaire… Est-ce que j’ai déplacé ou carrément enlevé Janine ? Tout ce que je me rappelle, c’est que repassant dans le Centre Commercial une semaine plus tard, j’ai vu qu’une partie de mes mannequins avaient été déplacés et mis dans une vitrine, presque collés à la vitre (car la vitrine devait faire environ 50 cm de profondeur), et éclairés avec des spots… et je me demande même si l’un d’eux n’avait pas carrément une barbe et un bonnet de Père Noël ! Je ne suis pas rentré… Je n’ai rien dit… je suis parti… J’avais la honte quand des copains me disaient qu’ils avaient vu mes mannequins à la Part-Dieu !!
PLASTAGA CHEZ LES GOGOLS ! En 1988 j’ai fait une expo à l’AGEM (Atelier Grenoble Espace Musical ) avec mon ami musicien Léo Plastaga. J’avais installé toute une scène très surréaliste dans une salle obscure et Léo avait sonorisé la plupart des mannequins. De temps en temps, chaque personnage lâchait un bout de phrase ! Certains bougeaient un bras… un fauteuil roulant avançait tout seul… un morceau de décor se cassait la figure… Il y avait aussi une cuvette de WC avec une main qui émergeait et de temps en temps des grosses bulles de fumée qui éclataient ! Tout cela était manipulé par Léo depuis la pièce à côté ! On avait fait aussi un petit tas d’ordures dans un coin qui s’était transformé au bout d’une semaine en un monceau de cannettes de bières vides !! Bref… les Voisins chez les Punks, en quelque sorte…
JOURNÉES DES JUMELAGES : En 2010, à l’occasion du jumelage entre St Gervais et Schwarzenborn, mes Voisins ont reçu une délégation d’Allemands en fanfare sur le toit de mon futur atelier ! Je ne me doutais pas à l’époque que 10 ans plus tard j’ouvrirai un Musée dans cette même maison !
JOURNÉE NATIONALE DES CLODOS : L’histoire de Maurice et Fernande, les « broqanteurs » du Musée. Je me suis inspiré d’une photo de Robert Doisneau : « Le couple de la Rapée » Un jour, en 1993, sur le tournage du film « Lumière Noire » de Med Hondo, d’après un livre de Didier Daeninckx, j’ai rencontré Robert Doisneau, qui m’a raconté l’histoire de ce fameux couple de clodos ! J’ai retrouvé les mêmes modèles dans une BD de Boucq… comme quoi il y a des personnages qui marquent !
JOURNÉE DES VIEUX TAS DE FERRAILLE : Une histoire de mon premier Iveco : En 1997 j’ai fait une expo à Genève. J’avais bien rempli et fait signer le carnet de douane pour pouvoir introduire mes mannequins en Suisse. Mais j’étais un peu inquiet à cause de l’état de mon fourgon… À l’aller il faisait nuit et il pleuvait quand je suis arrivé à la douane. J’étais dans une file, et les douaniers ne sont pas sortis de leur guérite ! Je suis donc passé tranquillement, après avoir fait viser mes papiers… Au retour ce n’était pas le même scénario : des douaniers (suisses !) beaucoup moins cools ! Ils ont fait plusieurs fois le tour du camion, faisant l’inventaire des bosses, des trous, des plaques de rouille, etc… Ils n’en revenaient pas qu’on nous ait laissés rentrer en Suisse, mon camion et moi ! Et pourtant… Au bout d’un certain temps, après qu’ils eurent rameuté tous leurs collègues, je leur ai demandé poliment si oui ou non, ils comptaient me laisser rentrer chez moi « Ben on est bien obligés, mais ça nous fait pas plaisir… » Visiblement leur règlement ne prévoyait pas ce cas de figure !!